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stalker
25 mai 2008

Cannes 2008 : Les Films (Suite)

Petits avis express mal rédigés et superficiels sur les films vus à Cannes... Juste pour donner une idée quoi...

SELECTION OFFICIELLE

3_singes

Valse avec Bachir d'Ari Folman : Film fort sur la quête du souvenir et les horreurs de la guerre qu'on pourrait situer entre Persepolis, Redacted et Hiroshima mon amour pour simplifier (quel programme !). La démarche inédite d'Ari Folman, rappellant celle d'un psychanalyste dans le fond et d'un documentariste dans la forme, ne laissera personne indifférent et fait du film LA véritable révélation du Festival, seule oeuvre qualifiable d'originale et inventive cette année. Génial inventeur de formes, le cinéaste aborde avec brio une page sombre de l'Histoire paslestino-israëlienne, en faisant preuve d'une grande maîtrise aussi bien au niveau de l'animation que du scénario. Le film est rempli de fulgurances, d'instants de grâce bouleversants, et s'il n'est pas parfait, il n'en reste pas moins fascinant et passionant, un grand film qui mérite amplement sa place au palmarès.

Linha de Passe de Walter Salles & Daniela Thomas : Les films sud-américains, c'est toujours un peu pareil j'ai l'impression. Ici encore, c'est du cinoche social sans véritable originalité, pessimiste jusqu'à l'os et qui ne propose toujours rien de nouveau. Heureusement, le film évite la complaisance misérabiliste et les personnages sont attachants, évitant de justesse les clichés du genre. Mais le scénario est inintéressant et ne débouche sur rien au final. Tout le film, on attend quelque chose, et quand on sort de la salle, il ne reste que des impressions grisâtres et un vague sentiment de tristesse. Observer béatement la misère, ça ne suffit pas. Tout ça manque cruellement d'assaisonnement, d'inventivité, de couilles, à l'image de ce Festival 2008. Alors oui, on ne s'ennuie pas, c'est même plaisant à regarder et parfois émouvant, il y a des scènes même assez belles et intenses et c'est pas mal foutu visuellement, mais ça n'apporte rien, c'est du déjà vu.

Les Trois Singes de Nuri Bilge Ceylan : Je ne pensais pas qu'un film me donnerait envie de revoir Uzak et Les Climats. Et bien, après avoir vu Les 3 Singes, je me rend compte que je n'avais rien compris au cinéma de Ceylan. C'est toujours aussi tarkovskien et antonionien, donc toujours aussi lent et contemplatif, mais on sent une volonté de faire un film accessible cette fois, avec une intrigue capable de captiver un plus large public. Du coup, au début, on est en plein film noir, et puis ça se transforme doucement en tragédie familiale bouleversante. Une famille constamment au bord de l'explosion qui, malgré les efforts pour rester soudée, finira par éclater. Comme les trois singes de la sagesse du titre, l'un refuse de voir, l'autre d'entendre et le dernier de parler, et cette impossibilité inextricable de communication au sein de la famille et avec le monde extérieur finira par disloquer les êtres. Mais Ceylan ne verse pas dans le symbolisme lourd mais préfère se concentrer sur l'humain et réalise une oeuvre exigeante et saisissante à la beauté visuelle sidérante. Un grand film qui confirme l'immense talent du réalisateur turc. Celui-ci s'impose d'ores et déjà comme une des valeurs sûres du cinéma mondial et gageons qu'il risque de faire très fort dans l'avenir.

Le Silence de Lorna de Jean-Pierre & Luc Dardenne : La caméra a beau être plus posée et sage qu'à l'accoutumée, le cinéma des Dardenne n'en reste pas moins toujours aussi bouillonnant de rage, de tristesse et de pessimisme. Ca ressemble peut-être à ce que les frérots ont déjà fait, mais peu importe au vu de la claque cinématographique qu'on se prend. Le Silence de Lorna possède une force incroyable qui balaie tout sur son passage, l'émotion nous submerge littéralement, on ne peut qu'être captivé et bouleversé par la prestation incontestablement digne d'un prix d'interprétation de l'extraordinaire Arta Dobroshi. Une leçon de cinéma, un film d'une intelligence éblouissante.

La Frontière de l'Aube de Philippe Garrel : Film ridicule qui se veut exigeant et godardien et qui n'est en fait que navrant. Le scénario, qui mêle fantastique et romance est digne d'un épisode des Feux de l'Amour et  l'ambiance snobinarde et parisienne assaisonnée de violons agaçants finit par carrément révulser. On sent cependant une nostalgie intéressante pour un certain cinéma muet (avec ces fermetures à l'iris) et pour la Nouvelle Vague, mais le film se résume au final à un exercice de style nombriliste et prétentieux, une caricature auteuriste involontaire dont on ne peut sauver que la superbe photographie N&B.

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UN CERTAIN REGARD

versailles

Soi Cowboy de Thomas Clay : Pur mystère que cet étrange et brusque changement de style en plein milieu du métrage, où le noir & blanc laisse place à la couleur, où une intrigue policière commence à poindre pour finalement semer encore plus la confusion, et où l'élégance et l'ampleur de la mise en scène de la première partie du film est remplacée par une caméra à l'épaule capricieuse et maladroite. La première partie du film, bien qu'excessivement comtemplative était néamoins intéressante dans son obsession du vide de la vie et du silence. Mais à force de se demander où le réalisateur veut-il en venir, on finit par s'ennuyer ferme. Flou artistique, néant nombriliste, désordre visuel. Thomas Clay pousse l'auto-satisfaction jusqu'à citer son propre film (The great ecstay of Robert Carmichael) et verse dans la provocation gratuite sans trouver son style et sans arriver à captiver. Reste quelques scènes saisissantes, quelques grands moments de mise en scène et la sympathie du personnage principal nonchalant à souhait.

Versailles de Pierre Schoeller : Rien de bien original dans le scénario, mais on est pourtant captivé du début à la fin, tellement les personnages sont attachants et la narration bien construite. Visuellement, c'est loin d'être magnifique, la photo est même assez moche, mais le film suit sa logique du début à la fin, en nous racontant sobrement et sans artifices mélodramatiques et visuels une histoire simple, belle et touchante. L'interprétation est au diapason pour nous faire passer un excellent et émouvant moment. Pierre Schoeller semble déjà être un cinéaste affirmé avec ses convictions et son style, laissons présager qu'il ira loin, ou du moins espérons-le.

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QUINZAINE DES REALISATEURS

eldorado

Le Voyage aux Pyrénées d'Arnaud & Jean-Marie Larrieu : Une grosse blague de potache d'une heure et demie. C'est très drôle, sympathique, complètement déjanté et totalement décomplexé. Le film s'assume jusqu'au bout et n'hésite pas à verser dans le grand n'importe quoi jusqu'au délire complet final. Autant dire que c'est jouissif et rafraîchissant même si ce n'est pas du grand Cinéma. Darroussin et Azéma sont définitivement d'immenses comédiens et communiquent leur plaisir de jouer, on se croirait parfois en pleine improvisation. Le mot de la fin "Je ne suis qu'un comédien" donne tout son sens au film : une formidable mise en abyme, réflexion sur le rôle et la vie des acteurs. La vie n'est après tout qu'apparences et comédie, et le Cinéma et le théâtre sont le reflet de la vie.

Boogie de Muntean Radu : Assez mal mis en scène et photographié, Boogie souffre en plus de défauts narratifs et de carrences scénaristiques. On s'ennuie donc parfois mais les personnages valent à eux seuls le détour et certains dialogues, d'une force déconcertante, sont de grands moments de Cinéma. Pas extraordinaire mais éminnemment sympathique.

Eldorado de Bouli Lanners : Road movie rock n' roll et hilarant, Eldorado révèle un cinéaste/auteur/acteur au talent immense : le belge et très prometteur Bouli Lanners. Bourré d'idées et teinté d'une douce et magnifique mélancolie, le film est un enchantement, à la fois pour les yeux (la photographie et la mise en scène sont superbes) et pour le coeur. Cannes aura offert son lot de personnages attachants cette année (certains films sont même sauvés par ça), mais ceux d'Eldorado sont sans doute les plus beaux. Le film laisse une impression ensoleillée de bonheur et de nostalgie.

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SEMAINE DE LA CRITIQUE

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La Sangre Brota de Pablo Fendrik : L'esthétique est intéressante, on peut même dire que l'aspect visuel du film est assez réussi. Mais à quoi bon si le scénario ne suis pas ? Pour faire simple, c'est mauvais, le film ne décolle jamais, n'aboutit à rien. Nerveux, violent, injustifié, La sangre brota est un film difficile mais il ne se sert pas de sa sécheresse et de sa violence (gratuite) pour servir un propos concret ou une cause. C'est vain, tout simplement, et inutile.

Les Grandes Personnes d'Anne Novion : Le film le plus attachant de cette année avec le plus beau personnage d'adolescente que j'aie pu voir au cinéma. Une histoire simple et émouvante sur l'éveil adolescent et les relations entre un père et sa fille, sans mièvrerie ni abus de bons sentiments. Une brise d'air frais tout droit venue de Suède qui fait du bien au Cinéma français empêtré dans son snobisme. Juste et touchant. Darroussin (doublement présent pour 2 films) est décidément un grand acteur et Anaïs Demoustier risque de faire parler d'elle.

Snijeg (Neige) d'Aida Begic : La vie d'un petit village bosniaque ravagé par la guerre où les femmes tentent désespérément de subsister. Le sujet avait de quoi allécher et le résultat, même s'il n'est pas à la hauteur de mes attentes a de quoi séduire. J'aurais personnellement aimé un truc plus contemplatif et poétique, car ça reste assez classique dans la forme et dans le scénario. Ce qu'il y a de bien, c'est que le film surprend beaucoup, il est toujours là où on ne l'attend pas, sans être pour autant fondamentalement original et novateur. Un sujet comme ça aurait mérité un traitement différent comme dit selon moi, ça manque de quelque chose quoi je trouve, mais le film n'en reste pas moins très bon, avec encore une fois des personnags inoubliables.

Nosebleed de Jeff Vespa (Court-métrage) : OVNI en noir & blanc où un homme saigne intenpestivement du nez. C'est étrange, dérangeant, très beau esthétiquement et déroutant. Ca correspond bien à l'idée que je me fais d'un C-M réussi.

La Copie de Coralie de Nicolas Engel (Court-Métrage) : Sorte de comédie musicale ridicule et mal foutue où les acteurs jouent et chantent comme des pieds.

Ergo de Gèza M. Toth (Court-Métrage) : Je ne sais pas ce que le gars a fumé avant d'écrire Ergo, mais en tout cas ça devait être de la bonne. Même si le résultat visuel n'est pas magnifique, c'est tout de même un très joli court d'animation avec un travail formidable sur le son.

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Commentaires
G
Pour les sections parallèles, je suis bien tenté par EL DORADO, LE VOYAGE AUX PYRENEES ou encore LES BONNES PERSONNES que tu sembles avoir beaucoup aimé !<br /> <br /> Quant aux films de la compétition, je peine à décrire mon excitation vis-à-vis de leur qualité apparente qui me tellement l'eau à la bouche ! De plus, je pourrai enfin voir en salles tous ceux qui me tentent étant donné mon déménagement à Lyon cet été !!!
stalker
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