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stalker
22 mars 2008

Pink Floyd, The Wall - Alan Parker (1982)

pink_floyd_the_wallPink Floyd The Wall

Résumons d'abord l'histoire, parce que oui, il y en a une, bien qu'elle ne paraisse pas tout à fait compréhensible de prime abord. Adapté du célèbrissime album The Wall paru en 1979, Pink Floyd The Wall est un film presque autobiographique puisque Roger Waters en écrivant ses morceaux et le film s'est inspiré de sa propre enfance ainsi que des derniers jours du défunt Syd Barrett (ancien membre du groupe Pink Floyd) qui sombra dans la drogue tout comme le personnage principal. En fait le film suit la progression chaotique de la pensée de Pink, star du rock torturée, désabusée, neurasthénique et schizophrène qui se construit peu à peu un mur psychique ("The Wall") pour s'isoler de ce monde trop cruel pour lui ("Goodbye Cruel World"). Il se retrouve livré à lui-même, seul avec ses névroses, ses images mentales effrayantes et ses souvenirs douloureux. Son parcours intérieur aboutira à une prise de conscience qui le conduira à mettre en scène son auto-jugement (par un monstre terrifiant qui parle par son anus) pour finalement détruire ce mur qui l'emprisonnait depuis son enfance. Si cette libération finale a conduit à la mort ou au contraire à un renouement avec la société, nous ne le saurons pas, et c'est mieux comme ça. Le film se termine sur des images bouleversantes montrant des enfants ramassant des briques (sans doute après des bombardement durant la Seconde Guerre Mondiale, puisque tout le film semble hanté par cette guerre), certainement pour construire à leur tour leur propre mur ; toute une génération marquée par les horreurs de ce monde qui s'enferme dans son univers virtuel pour se protéger des agressivités de notre société sur le déclin.

hammers

Pink passe en revue son passé et chaque élément ayant contribué à construire son mur et à remplir les espaces vides ("Empty Spaces") qui entretenaient désespérément un contact avec le monde extérieur. Un père mort à la guerre (scène bouleversante sur un terrain de jeu où le petit Pink regarde les autres enfants jouer avec leurs pères), une mère surprotectrice ("Mother should I build the wall ?"), des professeurs méchants et cyniques ("We don't need no education"), une femme qui le trompe, une relation trouble avec son public... Autant d'éléments qui le font se réfugier dans le sexe, la débauche et la drogue et qui le coupent peu à peu du monde au fur et à mesure que le mur se construit. Attaqué sans cesse par la société qui tente de s'en emparer à nouveau et par des images mentales terrifiantes souvent sous forme de séquences d'animation (le travail de Gerald Calfe est d'ailleurs extraordinaire dans ces séquences), Pink est en constante lutte contre lui-même, tentant de recréer un lien avec le monde tout en s'en isolant chaque jour davantage. Sans être trop "clinique", Pink Floyd The Wall offre une analyse psychologique très fine et superbement mise en image, usant d'un concept comparable à celui qu'utilise Lynch dans ses derniers films. Tout le film est presque entièrement subjectif, on est plongé en plein délire dans un esprit malade. Le résultat est particulièrement saisissant quand Pink s'imagine en dictateur fasciste, rappelant un peu le Big Brother de 1984. Ces séquences passionnantes s'interrogent pertinemment sur les rapports obscurs entre l'artiste, son oeuvre et son public. Elles prennent des allures de concert sinistre où Pink domine fièrement et complètement son auditoire. Car ce mur est aussi celui que le groupe Pink Floyd se construit entre lui et son public - effrayés et dérangés par ces gens qui leur vouent un véritable culte, ils n'ont jamais réussi ni voulu établir un véritable contact avec leur public. Le formidable Bob Geldof incarne ainsi son rôle multiple à la perfection, dans la schizophrénie la plus complète - un personnage torturé qui représente les obsessions de ses créateurs.

pink_floyd_the_wall_poster_c10289248Les dialogues sont réduits au strict minimum (il n'y en a pour ainsi dire presque pas) pour laisser place à la musique de ce fantastique groupe qu'est Pink Floyd. Une musique qui semble éternelle, elle déchire, transcende, nous emporte dans une autre dimension. Les images la racontent et elle raconte les images, le son et l'image se nourrissent mutuellement l'un de l'autre pour former un résultat on-ne-peut-plus harmonieux qui transperce l'écran pour nous toucher en plein coeur. Alors oui, ça prend parfois des allures de vidéo-clip à rallonge, mais pourquoi ne serait-ce pas aussi ça le Cinéma ? Les effets clips c'est souvent moche et lourd dans un film de cinéma (très tendance dans les films d'action en ce moment) mais ici Parker va au bout de son concept et le justifie totalement, du coup c'est magnifiquement réussi. C'est simple, ça ne m'était jamais arrivé de visionner le même film deux fois en l'espace de deux jours. L'ensemble affiche un goût de l'esthétisation de chaque situation par la mise en scène et le montage des plus plaisants car ça ne verse jamais dans l'abus d'effets. Tout est incroyablement beau, presque parfait, on en prend plein la gueule, les images et la musique nous imprègnent complètement. Une expérience véritablement marquante, un film unique, opéra-rock endiablé, chef d'oeuvre expérimental qui repousse les limites du Cinéma. C'est très dur de trouver les mots pour en parler...

wall

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Commentaires
B
Un putain de chef-d'oeuvre ce film...
G
Sa bande originale monumentale et son visuel encore jamais vu ailleurs font de ce sombre Pink Floyd - The Wall un chef-d'œuvre du film musical. Culte et incontournable.<br /> <br /> Note : 5/5
stalker
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